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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

Une histoire de la révolution polonaise de 1794, révolution si juste, si sacrée dans ses causes et ses principes, si fatale dans ses conséquences pour le pays et les individus qui y ont pris part, offrirait des récits intéressants et des leçons utiles ; mais dépourvu comme je suis à présent de toute espèce de matériaux nécessaires, je trouve cette tâche au dessus de mes forces ; je ne puis d’ailleurs ni me fier à ma mémoire, ni moins encore à mes talents ; je me bornerai donc à raconter ici les principales circonstances de ma captivité, depuis les moments qui ont immédiatement précédé la fatale journée du 10 octobre 1794[1], jusqu’à l’époque où la mort d’une usurpatrice impudique a brisé mes chaînes.

L’intrépidité avec laquelle nos troupes, pendant deux mois de siège, défendirent les retranchements de Varsovie, la saison pluvieuse et l’insurrection de la Grande Pologne, avaient forcé les armées combinées des Russes et des Prussiens à se retirer de devant la capitale. Le roi de Prusse marcha vers les provinces où l’insurrection venait de commencer, et les Russes se dirigèrent le long de la Vistule, nous procurant ainsi un répit aussi

  1. C’est le jour de la bataille de Macieiowice que perdit Kosciuszko contre Ferzen.