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NOTICE SUR J. U. NIEMCEWICZ.

constitutionnel comme la plus belle formule qui ait jamais été inventée, et l’établissement d’une constitution, comme le seul moyen de sauver la Pologne.

Mais son amour immense pour sa nation se ressentait des opinions du siècle : il y avait du terrestre et du matériel. Niemcewicz, affecté des malheurs de son pays, de l’abaissement de son gouvernement, des discordes qui régnaient alors, ne semblait regretter que la grandeur matérielle, les vastes possessions de la Pologne, les trésors de ses rois. Il se rappelle aussi avec regret la magnificence des seigneurs polonais, dont il a vu dans sa jeunesse le faste et la grandeur. Ce qui lui manquait, c’est le sentiment plus élevé, le sentiment religieux et moral de la cause polonaise. La haine l’aveuglait sur ce point. Il ne pouvait pas démêler, à travers les questions religieuses qui agitaient l’Europe, le véritable intérêt national polonais. Il semble qu’il eût accepté une religion quelconque, pourvu qu’elle fût contraire à la Russie, à l’Autriche, à la Prusse. C’est parce qu’il voyait l’Autriche ennemie de la Pologne, professant la religion catholique, qu’il est resté longtemps indifférent pour cette religion, la religion de son pays.

Mais, au fond de tous ces systèmes et de toutes ces théories, il y avait un sentiment dont