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NOTICE SUR J. U. NIEMCEWICZ.

Historien, Niemcewicz a été accusé de manquer quelquefois d’érudition, et surtout d’avoir marché d’un pas inégal, en cherchant tantôt à atteindre à l’éloquence, tantôt à imiter les auteurs classiques, et quelquefois aussi en surchargeant ses ouvrages de citations. Il change à chaque moment de ton et d’allure ; il est rarement lui-même ; il n’est lui-même que lorsqu’il raconte les triomphes des Polonais, et surtout les désastres de la Russie. Avec quel amour, avec quelles délices il décrit, par exemple, l’incendie de Moscou (en 1611) et les succès des Polonais, dans son histoire de Sigismond III ! Dans ces pages, quelquefois il égale le style de Tite-Live, parce qu’il a alors tous les sentiments qui animaient l’historien romain ; il sent l’orgueil, la fierté, le mépris pour tout ce qui est étranger et ennemi. Mais lorsqu'il s’agit de parler des malheurs, des défaites, alors quelquefois même il défigure l’histoire, pour défendre ses compatriotes, pour défendre une cause malheureuse.

Comme orateur, il a fait preuve d’un talent incontestable. Il a été élevé à l’école militaire fondée par Stanislas-Auguste ; il a voyagé ; il a vu la France ; ce qui explique et ses théories politiques, et même le genre de son talent oratoire. Il revint en Pologne tout échauffé encore de ce qu’il avait vu en France ; il regardait le système