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NOTICE SUR J. U. NIEMCEWICZ.

il est resté fidèle à l’idée vivante de la nation ; il a émigré avec elle.

Ayant toujours en vue le même intérêt, ayant conservé toujours le même amour pour son pays, et la même haine pour ses ennemis, il a constamment défendu sa cause et constamment attaqué tous ses ennemis politiques, moraux et littéraires.

Aussi, pour bien comprendre plusieurs de ses ouvrages, il faudrait connaître l’histoire passée et l’histoire contemporaine de la Pologne. Il ne faut pas le jnger comme un poète écrivant dans son cabinet pour contenter sa vanité ou pour acquérir de la réputation. Si les animaux, dans les fables de Niemcewicz, parlent quelquefois un langage tout moderne, un langage empreint d’un caractère politique et littéraire , il faut savoir que l’ours de Niemcewicz n’est pas l’ours de la Fontaine, Chez Niemcewicz, l’ours, c’est presque toujours le russe ou le grand-duc Constantin ; un renard ou un corbeau, c’est presque toujours un censeur. Il met dans ses fables les anecdotes qui couraient alors la ville ; il charge ses fables du caractère et des habitudes des personnages qu’il a en vue, tout le monde comprenant alors ces allusions, tandis que, maintenant , ses fables ont beaucoup perdu de leur valeur ; mais chaque coup a porté, chaque ouvrage a produit son effet. La plupart de ses compositions dureront autant que doit durer la lutte entre la Pologne et ses voisins.