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NOTICE SUR J. U. NIEMCEWICZ.

Grand qui fut représenté sur la scène nationale. Mais, hélas ! c’était là le dernier jour de bonheur qui avait lui pour la Pologne indépendante.

La confédération de Targowitza, soutenue par les armées russes et favorisée par la honteuse pusillanimité du roi Stanislas-Auguste, parvint peu après à renverser l’œuvre de la grande diète, et prépara la ruine de la Pologne. Niemcewicz dut quitter son pays à cette époque, et ce fut là son premier exil politique.

La Pologne cependant ne devait pas périr encore, sans avoir fait un effort généreux pour secouer le joug de ses oppresseurs. Kosciuszko leva, peu après, l’étendard de l’insurrection, en 1794, et Niemcewicz accourut aussitôt de l’Italie, pour devenir, pendant toute cette guerre, son compagnon inséparable sous la tente comme devant l’ennemi. Ce fut de sa plume que sortirent la plupart des proclamations, des ordres du jour et des bulletins de cette époque mémorable. Lorsque, après six mois d’une lutte souvent glorieuse, mais beaucoup trop inégale, Kosciuszko, grièvement blessé à Macieiowice, tomba entre les mains des Russes, Niemcewicz, blessé et fait prisonnier dans la même journée, partagea sa captivité à Pétersbourg, puis, élargi avec Kosciuszko, se dévoua à le suivre en Amérique, où ils se rendirent par la Suède et l’Angleterre.