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ÉLARGISSEMENT.

j’en suis convaincu, que s’il eût régné dans le temps où le partage de la Pologne fut proposé, loin d’y donner la main, il s’y serait puissamment opposé.

Les préparatifs de notre voyage furent terminés le 18 décembre. L’empereur fit présent au général Kociuszko d’une superbe voiture, faite exprès pour qu’il pût y voyager couché ; d’une belle pelisse, d’un grand bonnet en zibeline, d’une batterie de cuisine portative, enfin d’un assortiment de linge de table de la plus grande beauté. Il me donna aussi une belle pelisse et un bonnet en zibeline. Kosciuszko alla le remercier. Arrivé au pied de l’escalier du palais, il y trouva la chaise roulante de feu l’impératrice, on l’y plaça, et les gardes du corps le traînèrent ainsi à travers la longue enfilade des appartements, remplis des seigneurs de la cour jusqu’à la chambre à coucher de l’empereur, où ce prince le reçut entouré de toute sa famille. Paul Ier, l’impératrice, les jeunes grands-ducs et les grandes-duchesses, comblèrent Kosciuszko de bontés et de caresses. Ils lui firent promettre qu’il leur donnerait souvent de ses nouvelles. L’impératrice lui demanda de lui envoyer des graines d’Amérique ; elle lui fit présent d’une collection de camées représentant toute sa famille, et d’une superbe machine à tourner, estimée mille roubles.

Tandis que Kosciuszko était avec les souve-