Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
ÉLARGISSEMENT.

Plaisantant une fois avec une de mes compatriotes sur ces génuflexions : « A tout compter, me dit-elle, me voir à ses pieds est sans conséquence ; mais, laid comme il est, je serais bien plus fâchée de le voir aux miens. »

Je ne m’étendrai pas davantage sur les étiquettes, cérémonies et pompes de la cour ; je n’en ai d’ailleurs vu que juste autant qu’il fallait pour ne pas me compromettre. Les cérémonies de l’Église grecque, sans être fort belles, sont plus surchargées que celles de l’Église catholique. La messe est chantée par un chœur de quarante jeunes gens ; la mélodie en est fort agréable. Après le service, le prêtre donne au souverain la bénédiction ; l’empereur prend la main de l’officiant, comme pour la baiser ; mais celui-ci l’escamote et lui présente en place un crucifix, et c’est par cet escamotage qu’on élude l’ancien usage russe, par lequel le czar lui-même était obligé de baiser la main du prêtre.

Il y a à Pétersbourg un grand nombre d’objets curieux, intéressants, et, plus que tout cela, singuliers à voir. Je suis maintenant fâché de ne les avoir pas visités ; mais, à l’époque dont il s’agit, tout était en quelque sorte indifférent pour moi, et ce n’est que par hasard qu’une fois, me trouvant avec mes amis dans les appartements de l’impératrice, j’y ai vu la collection des diamants de