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ÉLARGISSEMENT.

à la place des yeux ? Ce sont des officiers kalmouks. J’y rencontrai aassi mes ci-devant compatriotes, faisant partie de toute cette tourbe. En un mot, jamais on n’a pu voir ailleurs une marqueterie, une mosaïque de nations plus bigarrée.

Le corps des chevaliers-gardes qui font le service dans l’intérieur du palais, est superbe ; il n’est composé que de cent hommes au plus, choisis parmi les jeunes officiers de la plus fadle figure : c’était là le haras de Catherine II. Leur uniforme est d’une richesse, d’un faste dont rien n’approche. Ce sont des justaucorps blancs, avec des coUets et parements en velours blanc, des galons d’or sur toutes les coutures ; ces galons surmontés d’une large broderie ; une espèce de cuirasse légère, en argent ; des chaînes d’argent massif, retombant sur la poitrine ; des casques à la romaine, en lames d’argent doré, avec des grands panaches en plumes d’autruche ; et, comme si tout cela n’était pas encore assez, de grosses plaques d’argent massif garnissant, des deux côtés, les bottes sur toute la longueur de la jambe. La foule des courtisans remplissait déjà, toute l’étendue des appartements, lorsque tout à coup je vois cette foule s’agiter, reculer de deux côtés, et s’entr’ouvrir devant un individu chamarré de cinq cordons, et portant un portrait en miniature entouré de gros diamants, à sa boutonnière. C’était