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ÉLARGISSEMENT.

que dans telle partie du globe que nous puissions nous trouver, un seul mot de l’empereur nous ferait tout quitter, et nous obligerait de nous rendre auprès de lui. Ce serment était dicté en polonais par un prêtre catholique. Apres cette révoltante cérémonie, Samoilow embrassa mes compagnons et s’avançait déjà vers moi, lorsque, en jetant les yeux sur le portrait de son oncle Potemkim et se rappelant sans doute tout ce que j’avais dit et écrit sur cet homme singulier et barbare, il recula subitement devant moi, comme s’il avait touché un aspic.

J’ai vu, le même soir, plusieurs de mes compatriotes qui, depuis le partage, soit par leurs charges à la cour, soit par l’espoir de recouvrer, sous le nouveau règne, leurs biens confisqués sôus Catherine, se trouvaient à Pétersbourg : entre autres, Ilinski, qui, par sa nouvelle faveur auprès de l’empereur, avait beaucoup contribué à notre délivrance ; Severin Potocki ; Potocki ; palatin de Belz ; la princesse Radziwill, et son mari, palatin de Wilna, frère de celui qui venait d’épouser une de mes nièces ; madame Dzialynska, dont le mari avait été exilé sur les bords de la mer Glaciale ; le prince Stanislas Poniatowski, neveu du roi ; Ancuta, son secrétaire ; la duchesse de Courlande. La vue de toutes ces personnes me causa les émotions les plus vives. Soit sentiment de joie et d’at-