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ÉLARGISSEMENT.

lence, n’étaient interrompus que par des coups de canon, dont on tirait tous les jours, un au réveil et un à la retraite, puis des salves générales les jours de la naissance des membres de la famille impériale, des grandes fêtes, et toutes les fois que l’impératrice sortait ou rentrait dans son palais. Makarow, inspecteur de la prison, qui auparavant venait quelquefois s’informer de notre santé, n’avait pas paru pendant l’espace de quatre mois. Il était occupé à des conférences avec des Persans que la cour de Russie fomentait contre leur schab. Nous paraissions être entièrement oubliés, lorsque le jeudi, 17 novembre 1796, mon domestique me servant à dîner, me rapporta qu’il devait s’être passé quelque chose de bien extraordinaire, puisqu’il avait aperçu parmi les soldats un air de mystère et des chuchottements continuels, qu’il avait même attrapé quelques phrases décousues comme « Enfin, l’erreur n’est plus, et la vérité a reparu » ou bien, « Rien ne pourra se faire sans l’archevêque de Nowogorod. » Il n’en fallut pas davantage pour me laisser deviner l’heureux événement qui seul pouvait briser mes chaînes. Mon cœur, si longtemps accablé de tristesse, palpitait maintenant de joie et d’espérance. « La vieille furie est morte, dis-je tout de suite à mon domestique, et nous allons bientôt être libres ; desservez, je ne peux plus