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xiv
AVANT-PROPOS DE L’ÉDITEUR.

repousser les triomphes passagers de l’injustice.

La politique exterminatrice que poursuit avec tant de persistance l’empereur Nicolas, ne change rien au fond des choses. Toutes ces mesures de rigueurs et de persécutions, qui peuvent bien rendre le nom russe odieux aux yeux de l’Europe, ne peuvent détruire ce que la Pologne a d’éternel : elles couvrent bien de deuil et remplissent d’amertume une nation noble et généreuse ; mais, après tout, elles ne peuvent qu’augmenter l’intensité des sentiments d’un peuple martyr et ranimer son patriotisme. L’empereur de Russie peut voir déjà, ou il verra un jour, que ses coups ont porté à faux, et qu’il a tout subjugué, enchaîné, détruit en Pologne, hors l’âme. Cuncta terrarum subacta, præter atrocem animum. Non, il n’y a ni sagesse, ni prévoyance, ni force, qui puissent empêcher une nation, telle que la Pologne, de se dresser en face de ses oppresseurs, à la première occasion, que le cours des événements amènera nécessairement.