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COMPAGNONS DE CAPTIVITÉ.

contenant la part qu’il avait prise à la révolution. Il y donnait à l’impératrice des épithètes comme si elle avait été la femme d’un savetier. Il observait religieusement toutes les fêtes, et même le carnaval ; le mardi gras, il mettait ses plus beaux habits polonais, et une magnifique ceinture brochée d’or et de soie, le tout pour aller aux commodités ; car le malheureux ne pouvait aller nulle part ailleurs. Il sortit en même temps que Kapostas.

Pendant tout le temps de ma captivité, il n’y eut encore que trois autres personnes amenées dans notre prison. La première, au mois d’août 1795. J’ai appris, par la suite, que c’était un jeune homme attaché autrefois à Potemkin, et qui, par je ne sais quelle raison, avait découvert au gouvernement, comment madame Branicka s’était emparée des diamants du prince Potemkin. Ces diamants, dont Potemkin avait toute une cassette pleine, appartenaient en partie à l’impératrice et en partie au prince. Branicka, sa nièce, et qui était auprès de lui au moment de sa mort, en avait dérobé les plus beaux. L’impératrice et les héritiers de Potemkin, entre autres Samoilow, étaient également intéressés à les recouvrer. On n’avait enfermé ce jeune homme que pour l’intimider et le forcer à découvrir jusqu’aux moindres particularités à ce sujet ; mais, voyant qu’il ne savait rien de plus que ce qu’il avait d’a-