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COMPAGNONS DE CAPTIVITÉ.

pliquait aussi l’Écriture sainte ; mais à sa façon ; car il prétendait que les paroks de l’Écriture étaient toujour symboliques, que leur vrai sens n’était connu que de ceux qui savaient la science de la cabale. Nous vivions en bom voisins et communiquions ensemUe de temps à autre. Il fut élargi deux jours après moi.

Le dernier des prisonniers polonais amenés en même temps que Kapostas, était Kilinski. Il était cordonnier de profession ; mais, né ayec de la hardiesse, de l’activité, et une éloquence vraiment populaire, il devint un personnage de marque, aussitôt que la révolution, et surtout l’insurrection de Varsovie, eut fait connaître au peuple son importance et ses forces. Dix mille ouvriers et garçons de boutique obéissaient à sa voix. Il était tout naturel que le chef d’une pareille armée ne pût plus être envisagé comme cordonnier. Il promit de lever un régiment de bourgeois de Varsovie ; il en fut nommé colonel, et l’on ne pouvait faire mieux ; car d’abord il procurait mille hommes à l’armée, ensuite occupé du service et de ses fonctions militaires, il assistait rarement au conseil, dont il était membre, et nous épargnait ainsi bien des disputes et des lenteurs dans les délibérations. Il était curieux de voir des jeunes gens de nos premières familles, mais qui n’avaient que le grade de lieutenaot ou de capitaine, s’annoncer