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COMPAGNONS DE CAPTIVITÉ.

vers la fin de 1792, et détenu depuis, au mépris du droit des gens, parce que, dans ses dépêches qu’on avait interceptées à l’époque du second partage de la Pologne, il parlait de cet acte et de la conduite de l’impératrice avec horreur et indignation. C’était un homme rempli des qualités les

    à cet égard ; partagez l’espérance qui m’anime. » Il s’exprime avec la même chaleur dans sa lettre de 1798 au général Bernadotte, alors ministre de la république française auprès de la cour de Vienne. « J’ai imaginé, en effet, que parmi les intérêts commis eu ce moment à vos soins, celui de la malheureuse Pologne, si important en lui-même et relativement au système général, ne saurait avoir été oublié. J’ai été plus loin, et je me suis persuadé qu’ayant remis, au retour de ma longue captivité, sur la restauration possible de cette intéressante nation, un projet dont les vues n’ont pas été désapprouvées, on pourrait s’être décidé à en faire usage dans les instructions dont on aurait jugé devoir vous munir. En parlant de cette supposition, citoyen ambassadeur, recevez l’offre de tout ce qui pourrait dépendre de moi, et veuillez disposer de mon zèle. » Chose singulière ! cet homme qui aurait pu attribuer à la Pologne toutes ses souffrances : la perte de sa fortune, la mort des personnes qui lui étaient les plus chères, sa longue captivité, cet homme, le voilà tout prêt à se dévouer à cette cause malheureuse. C’est bien à M. Bonneau aussi qu’on peut, à juste titre, appliquer la devise que de nos jours les Polonais ont attachée au nom de leur noble ami, lord Dudley Stuart : Causas non fata sequor. M. Bonneau mourut à Paris, au mois de mars 1805.