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COMPAGNONS DE CAPTIVITÉ.

consul général de France à Varsovie, enlevé de cette capitale et de l’hôtel de son ambassadeur


    la Croix, ministre de France à Varsovie, étant rappelé, M. Bonneau fut nommé pour le remplacer. Son long séjour en Pologne, ses connaissances approfondies des lois, des mœurs et de la langue du pays, le rendaient éminemment propre à ces fonctions. Cependant il ne les exerça pas longtemps. Les Russes étant redevenus maîtres à Varsovie, Bonneau fut arrêté dans le courant de cette même année 1792, et tous les papiers de la légation française qui étaient dans ses mains furent saisis ; lui-même, conduit comme prisonnier à Pétersbourg, y resta quatre ans dans une rigoureuse captivité. Paul I, à son avènement, le fît mettre en liberté ; mais il ne retrouva plus ni sa femme, ni sa fille, qui avaient succombé au chagrin causé par ses malheurs. A Paris, il se vit entouré des Polonais qui s’étaient réfugiés en France pour travailler à la restauration de leur patrie. Bonneau, de ministre de France à Varsovie, devint, pour ainsi dire, ministre de Pologne auprès de la république française. Il s’associa aux conseils, aux projets, aux espérances des émigrés polonais. Voici ce qu’il écrivait au général Dombrowski, à l’occasion de la formation des légions polonaises : « Quel cœur sensible, quel appréciateur d’une nation illustre et valeureuse, digne d’un destin plus heureux, ne partage pas avec moi les mêmes sentiments ? Longtemps habitué parmi vous, j’ai joui de l’avantage de pouvoir vous apprécier plus particulièrement, parce que j’ai pu plus particulièrement vous connaître. Vous vous êtes trop honorés en tombant, votre existence devient trop nécessaire à l’Europe, pour devoir craindre d’en être oubliés. Recevez mes vœux