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COMPAGNONS DE CAPTIVITÉ.

Mostowski m’y disait, qu’au mépris de la capitulation signée avec Suwarow, et dont le premier article assurait l’immunité, la sûreté, et l’oubli de tout le passé pour tous les habitants de Varsovie, un ordre signé de la main de Catherine avait fait saisir, lui, Mostowski, Potoçki, Zakrzewski, Kapostas, Kilinski ; que Kollontay s’était enfui, mais se trouvait arrêté par les Autrichiens ; que Samoilow lui avait fait aussi de grandes offres et des menaces, mais moins sévères qu’à moi ; qu’il avait fait ses réponses dans le même sens que moi ; qu’on lui avait dit qu’il n’avait écrit qu’un roman, et que, sachant qu’il avait été à Paris dans l’année 1793, on exigeait qu’il mît par écrit tout ce qu’il savait de la politique, des vues et des projets des chefs de la révolution française. Mostowski, qui était lié avec Vergniaux , ne se fit aucun scrupule de leur dire ce qu’il en savait ; il croyait, en écrivant comment l’émancipation de la Pologne entrait aussi dans les vastes projets des Girondins, empêcher les Russes, par la crainte des conséquences, de se porter aux dernières extrémités envers notre malheureuse patrie. Il s’est trompé en cela ; mais l’événement a prouvé qu’excepté en ce qui concerne la Pologne, le cabinet républiçain, malgré toutes les rivalités , les changements, le flux et le reflux des partis, a toujours suivi fidèlement, dans sa politique extérieure, les