Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
INTERROGATOIRE.

place à d’épaisses ténèbres ; l’officier qui me gardait me laissait toujours longtemps dans l’obscurité, jusqu’à ce qu’enfin on daignât m’apporter une pauvre petite chandelle, dont j’étais obligé de plier la mèche de temps en temps avec une croûte de pain, l’usage des mouchettes ainsi que de tout autre objet en fer m’étant rigoureusement défendu.

Pendant plusieurs jours, après la dernière visite de Samoilow, je ne vis qu’une fois Makarow et Fuchs, qui vinrent me demander de mettre par écrit mon nom, mon âge, où j’avais reçu mon éducation, et les pays étrangers que j’avais visités. Je ne savais pas à quoi cela tendait, mais je satisfis à leurs demandes sans difficulté.

Au bout de trois semaines de cette déplorable existence, j’entendis une fois, vers les dix heures du soir, du bruit dans la chambre de Fischer ; je crus entendre la voix de Fuchs ; des soldats y entraient et sortaient ; enfin Fuchs entra précipitamment dans ma chambre pour me demander combien, dans la cassette qu’on m’avait prise, il y avait d’argent à moi et combien à Fischer. Je lui indiquai la somme qui était à moi, et bientôt après j’entendis plusieurs personnes qui traversaient le corridor ; le bruit se perdit à la porte de la prison, et je ne doutai pas que ce ne fût Fischer à qui l’on rendait la liberté. Tout en me réjouis-