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INTERROGATOIRE.

ner à sa place. On me demandait quels étaient les griefs des Cosaques contre le gouvernement russe, lorsqu’ils avaient fait des ouvertures pour passer de notre côté, en ajoutant qu’on savait de source certaine que j’avais été employé dans cette affaire. En effet, cette négociation si délicate était un secret pour les personnes mêmes les plus marquantes de la révolution. Deboli et moi en fûmes seuls les dépositaires ; et comme il savait parfaitement le russe, il traduisait mes dépêches dans cette langue, les expédiait, et recevait les réponses, Je fus confondu et outré de cette trahison d’un homme qui avait déjà donné tant de preuves de civisme ; mais telle est la faiblesse ou plutôt l’inconsistance naturelle du caractère de la plupart des hommes[1].

  1. Il est de notre devoir de ne pas passer ici sous silence l’opinion que M. Ferrand émet sur Deboli :

    « À peine, dans le cours d’une année, Chreptowicw (ministre des affaires étrangères) fit-il connaître deux fois la position générale des affaires ; et quand il annonça à la diète, pour la première fois, les projets hostiles des Russes (1792), le bruit de leur invasion très-prochaine était déjà répandu partout. Vainement aurait-il voulu, pour justifier son silence, inculper l’ambassadeur de Pologne à Pétersbourg. Deboli, chargé de cette importante légation, en remplissait les fonctions avec autant d’exactitude et d’intelligence que de pro-