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INTERROGATOIRE.

la persécution des bons citoyens, il s’attacha de plus en plus au parti patriote, et dès que la révolution de 1794 éclata, il fut nommé membre du Conseil national. Actif, laborieux, et simple dans ses manières, malgré les liaisons qu’il conservait toujours avec le roi, il était généralement estimé. Lorsqu’on se vit dans la nécessité d’établir un papier-mofinaie, chose entièrement neuve en Pologne, et qui, vu les dangers et l’incertitude de notre avenir politique, ne pouvait qu’inspirer fort peu de confiance, Deholi fut le premier qui porta cinquante mille florins en espèces pour les échanger contre ces nouveaux billets dont la valeur était si douteuse. Kosciuszko, pour qui le sentiment de la confiance n’était pas un plaisir, mais plutôt un effort, lui accorda cependant un peu de la sienne. Cet homme donc, qui avait mérité l’honneur d’être chassé et persécuté par les Russes, et avait servi la cause commune de tout son bien et de tous ses moyens, prit tout à coup, au moment où le premier siège de Varsovie fut levé, un congé d’absence pour trois semaines, et se rendit droit en Russie chez le feld-maréchal Romanzow, pour lui découvrir tout ce qu’il savait de la révolution. Avant d’avoir la certitude de ce que je viens de dire, je m’en étais déjà douté à l’occasion d’une des questions qui me furent posées dans mon interrogatoire, et que j’ai oublié de mention-