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INTERROGATOIRE.

souveraine. Je lui répondis que j’avais dit la vérité, et qu’il n’était pas de ma faute si les secrets qu’ils cherchaient n’avaient jamais existé. — « Ils ont existé, m’interrompit-il avec fureur, et vous les possédez tous, car il n’y a eu rien de caché pour vous. Je vous somme de déclarer ici, tout de suite, les noms des Polonais de la Russie Rouge[1] qui étaient en correspondance avec vous et qui avaient promis de se révolter. Rappelez-vous que nous savons déjà ce que je vous demande ici ; que votre Pologne n’existe plus ; que tous vos chefs de la révolution, les Potocki, Kollontay, etc., sont entre nos mains. Si vous persistez à nier, vous vous perdrez seulement vous-même, sans faire de bien à qui que ce soit. Quels sont donc les noms de ces rebelles ? » — « Je vous ai déjà dit, M. le comte, que je n’en connais aucun. » — « Ah ! vous ne les connaissez pas ; vous ne voulez pas le dire ? Rappelez-vous où vous êtes. » — « Je sais, lui dis-je, que je suis dans un cachot et que ma vie est dans vos mains. » — « Vous savez les moyens dont on se sert pour forcer les criminels à déclarer la vérité, quand ils s’obstinent à la nier. » — « Je les

  1. C’est ainsi que la cour de Pétersbourg a baptisé la Volhynie, la Podolie et l’Ukraine, enlevées à la Pologne il n’y avait alors que dix-huit mois.
    (Note de l’auteur.)