Page:Niemcewicz - Notes sur ma captivité à Saint-Pétersbourg.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
INTERROGATOIRE.

étaient à Varsovie; les papiers du général Kosciuszko à son quartier général de Marimont. »

Je terminais mon écrit adressé à Samoilow à peu près de la manière suivante :

« Vous voyez, Monsieur, que mes réponses ont été aussi franches que sincères. Prisonnier de guerre, et néanmoins enfermé dans un cachot malsain et solitaire, je sais que je n’ai rien à espérer et tout à redouter. Ce n’est pas cependant ce qui me rend le plus malheureux. L’idée de ma patrie en proie à toutes les calamités, à toutes les horreurs de la guerre, en danger et peut-être à la veille de perdre à jamais son existence, voilà ce qui remplit mon ème de la douleur la plus poignante et la plus vive. La clémence, la sagesse profonde de Sa Majesté l’impératrice sont mon seul espoir. Si cette grande souveraine, qui d’un seul mot peut anéantir ou élever des empires, prête une main secourable à la Pologne, elle s’acquerra des droits éternels à sa reconnaissance, et j’aurai oublié tous mes maux. »

« De la prison d’État, le 27 décembre 1794. »


Fatigué de veiller et d’écrire ainsi toute la nuit, j’étais couché encore sur mon matelas, sans cependant pouvoir fermer l’œil, lorsque vers midi je vis entrer l’inspecteur de prison, Makarow suivi du secrétaire Fuchs. Ce dernier, descendant