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INTERROGATOIRE.

semblée, vous entourâtes la chambre du sénat de vos soldats et de vos canons; votre ambassadeur s’assit à côté du roi, et déclara qu’aucun représentant ne sortirait avant d’avoir souscrit au traité de partage. Quoique les membres de la diète fussent de votre choix, aucun n’eut l’impudence de parler en vôtre faveur; vous les avez donc tous assiégés dans leur salle, en leur refusant toute nourriture; vous avez fait arracher de leur place ceux d’entre eux qui élevaient la voix contre ces actes de violence; votre ambassadeur, fatigué lui-même, prit le silence, l’accablement, la douleur de l’assemblée pour un consentement. Dans l’intérieur du pays, quelle fut votre conduite ? Vos troupes, non contentes d’être nourries et logées sans rien payer, commettaient des vexations odieuses. Les habitants ignominieusement traités; leurs femmes, leurs filles violées; leurs troupeaux égorgés; les champs couverts de blé brûlés avant la moisson : voilà les actes des ministres et des généraux russes, des actes contraires sans doute aux sentiments de l’impératrice, aux instructions qu’elle leur avait données, qui ont forcé la nation à l’insurrection. Ce sont vos ambassadeurs , vos généraux, qui ont fait la révolution; ce n’est pas nous.

« Vous me demandez quel était le but que les insurgés se proposaient et ce qu’ils auraient fait