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INTERROGATOIRE.

fait voir en mainte et mainte occasion qu’il est loin d’être ce que vous dites. » — « Mais enfin, reprit Samoilow, c’est vous, c’est Potocki, c’est Kollontay[1], qui l’avez mené. » — « Monsieur, fut ma réponse, je n’ai jamais eu l’ambition de mener qui que ce fût, excepté moi-même ; et vous voyez le peu de talent que j’ai pour cela, puisque me voilà ici. Quant à MM. Potocki et Kollontay, le général Kosciuszko pouvait en recevoir des conseils, mais il n’était pas mené par eux. » — « Il nous a dit lui-même que ce furent eux qui faisaient tout. » — « Il a été modeste, peut-être aux dépens de sa franchise. » — « Ce Potocki est un grand coquin. » — « C’est la première fois, l’interrompis-je, que cette épithète lui a été donnée ; M. Potocki est un homme de talent et de probité. » — « C’est un ambitieux. » — « Oui, Monsieur, il avait l’ambition de sau-

  1. Hugues Kollontay, vice-chancelier de la couronne, un des hommes d’État les plus remarquables de son pays et de son époque, prit une part très-active à tous les efforts qui furent tentés par les patriotes polonais pour préserver leur patrie, du sort qui finit par l’atteindre. Après les événements de 1794, Kollontay fut longtemps détenu à Olmutz. Il mourut à Varsovie en 1812. Quant à ses travaux politiques et littéraires, nous renvoyons nos lecteurs à l’article Kollontay, dans l’Encyclopédie des gens du monde, publiée à Paris chez Treuftel et Wûrtz.