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nullement lié à une nécessité physiologique cette fois, mais commun, fatal que l’inoculation se produit. Et, si l’on considère que c’est à la suite de tels accidents, répétés depuis des siècles que la fièvre récurrente s’est répandue dans tout le monde (les Espagnols l’ont importée en Amérique), on ne sait vraiment ce qu’on doit le plus admirer de l’effort incessant du microbe pour sa conservation ou des conditions aveugles, imprévisibles et, pour parler du point de vue de l’intelligence, absurdes qui l’assurent.

Entre ce fait irrationnel et les contaminations liées à des nécessités physiologiques que nous avons exposées plus haut, il est des cas pour ainsi dire intermédiaires.

La puce peut transmettre directement par sa piqûre le bacille pesteux qu’elle a pris sur un rat malade à un autre rat ou bien à un homme. C’est un mode d’inoculation démontré. Ce n’est pas, sans doute, le mode habituel. Chaque fois qu’une puce se nourrit, elle commence par rincer son tube digestif avec les premières gouttelettes de sang absorbé, puis elle les rejette. Ce n’est qu’après ce rinçage et cette régurgitation qu’elle s’emplit définitivement. Si, dans son repas antérieur, la puce a absorbé des bacilles pesteux sur un malade, ces