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les trypanosomes, les inconvénients d’une médication insuffisante sont autres ; ils ne sont pas moins réels. Si la dose du produit curatif inoculée approche de la dose stérilisante, la plupart des germes périssent ; mais ceux qui ont résisté donneront une descendance qui témoignera, vis-à-vis du même médicament, de résistances plus fortes, parfois insurmontables. Le traitement aura donc eu pour résultat de créer des races microbiennes plus difficiles à détruire. Ainsi un tréponème qui n’aura pas été détruit par un composé arsenical deviendra, comme on dit, arsenorésistant. Nous avons vu que le contact du tréponème et du mercure, établi depuis Vigo et les empiriques de la Renaissance, avait changé le mode d’activité de la syphilis, diminué son action sur la peau et les muqueuses, mais augmenté, par contre, son pouvoir de localisation aux centres nerveux.

Dans le cas des vaccins vivants, tels ceux de la variole, de la rage, du charbon, il faut tenir compte des modifications que, du fait de la répétition des passages par mêmes animaux ou milieux de culture, les microbes de ces vaccins peuvent subir. Il est certain que, depuis qu’on l’emploie, le vaccin antirabique, passé par des milliers de lapins, a augmenté sa virulence pour cet animal et il paraît