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application. Sans doute le typhus tend à se localiser dans des régions éloignées. Ces foyers sont encore multiples. Ils comprennent la majeure partie de l’Orient, en particulier la Chine, et certaines régions des pays civilisés ou considérés comme tels : pays slaves, Mexique. De ces bastions, le typhus menace toute l’humanité. Dès que les conditions favorables à la multiplication des poux redeviennent possibles, et ces conditions se résument en deux, la misère et l’encombrement, toujours le typhus accentue sa menace, sort de ses foyers et recommence la conquête humaine. On conçoit le rôle désolant et fatal que jouent dans son extension les souffrances collectives de l’humanité, les disettes, les révolutions et les guerres. Le typhus se présente à nous à la fois comme un fléau et comme une leçon morale. Il nous rappelle que l’homme ne fait que sortir de la barbarie, qu’il porte encore sur sa peau un parasite honteux comme ceux que portent les bêtes et que, quand l’homme se conduit en brute, ce parasite, en se multipliant et en lui inoculant le typhus, lui prouve qu’en effet, il n’est encore qu’une brute.

La disparition du typhus ne sera possible que le jour où, les guerres ayant disparu, l’œuvre d’une hygiène collective aura supprimé le pou.