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PIERRE-LOUIS-MARIE CHANEL

toute mesure créée. Il n’y a de grand que ce qu’il élève, il n’y a de bas que ce qu’il méprise, et il ne méprise que l’orgueil. Si Dieu choisit plus de saints parmi les humbles, c’est peut-être parce que c’est la condition du plus grand nombre : c’est surtout parce qu’il entend se réserver la gloire d’une exaltation qui est son ouvrage : Suscipiens a terra inopem, il aime à prendre le pauvre dans son néant pour le placer au rang des princes de son peuple : ut collocet eum cum princibus populi sui » [1].

Les parents de Pierre n’étaient pas lettrés, au sens qu’on donne aujourd’hui à ce mot ; mais ils avaient une science de grand prix, qui devient de plus en plus rare de nos jours : ils connaissaient leur religion et la pratiquaient dans la droiture de leurs âmes et la simplicité de leurs cœurs.

La mère, avant même que son enfant vît le jour, l’avait consacré à Marie. Il est permis de croire que cette première consécration ne fut pas sans influence sur la vive et tendre dévotion que Pierre eut toute sa vie pour la Reine des Vierges. Quand il sut que sa mère l’avait ainsi voué dès avant sa naissance, il joignit à son nom le nom béni de Marie.

Au jour de sa confirmation, ayant lu la Vie de saint Louis de Gonzague, il ajouta encore a ses prénoms celui de Louis, déclarant ainsi qu’il voulait avoir ce jeune saint pour patron et pour modèle.

Marie-Anne Sibellas élevait ses enfants avec une tendre sollicitude ; elle leur inspira de bonne heure

  1. Mgr d’HULST, Panégyrique du Bienheureux, prononcé à Lyon, 2 mai 1890