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Sans tergiverser, avec l’élan de celui qui pressent qu’il ne dispose pas de beaucoup de temps devant lui et qu’il lui faut suppléer à la durée par l’intensité, Roland se lance à corps perdu sur cette route pour lui nouvelle, sans respect humain, ni timidité, ni prudence humaine et politique. Il s’engage pour établir des écoles gratuites et surtout pour former des maîtresses d’écoles pour instruire gratuitement. [MV 1, 8, 5.]

Il se consacre tout entier à sa communauté naissante, pourvoit à ses besoins matériels, exige que les maîtresses soient en nombre suffisant afin de ne pas surcharger les classes, veille à assurer la formation pédagogique des Sœurs, leur dresse des Règlements, prend en charge leur conduite spirituelle par la direction personnelle et des conférences et exhortations. Mais comme tout Fondateur, Roland connaît la fragilité des commencements. Ainsi qu’il advient aux créateurs, il fait presque l’unanimité contre lui.

Toute la ville se banda contre lui pour empêcher l’établissement des écoles gratuites, comme si c’eût été un crime de les entreprendre. Le clergé, les Mendiants, le corps de la ville se bandèrent ensemble pour travailler à son renversement. [MV 2, 10, 1.]

Roland avait alors pour lui l’archevêque, et c’était d’autant plus important que cet archevêque s’appelait Charles-Maurice Le Tellier et qu’il était fils et frère de ministres de Louis XIV. Mais les oppositions ne désarment pas. Inquiet de la précarité de son œuvre, il se rend à Paris de décembre 1677 au 7 avril 1678, afin d’obtenir l’approbation légale du roi grâce à l’appui de l’archevêque familier de la cour. Son attente est cette fois déçue : il semble que Le Tellier lui ait retiré sa faveur. Il rentre à Reims, mais il y tombe malade et meurt le 27 avril 1678. Il a confié à Jean-Baptiste de La Salle l’avenir de sa communauté. Quant à lui, il meurt dans l’incertitude sur ce devenir. Entrant dans la Pâque du Christ, il lui a fallu consentir à une ultime conversion à l’abandon dans la nuit.

Je serai bref sur un dernier intérêt que je vois à la présente publication des Œuvres complètes de Roland, et à leur informatisation. Ce n’est pourtant pas le moindre à mes yeux. Mais pour le moment, cet intérêt reste du domaine du rêve. En parlant de Roland, j’ai évoqué, entre autres, Nicolas Barré et Jean-Baptiste de La Salle. En rédigeant cette Introduction, j’ai été frappé par leur extraordinaire parenté. Ce n’est pas un scoop : je le sais bien ! [Pour ne citer que lui, le f. Yves Poutet dans sa thèse magistrale Origines Lasalliennes, t. 1, Période rémoise, 1970, consacre une section (quatre chapitres) aux liens entre les deux fondateurs : Sous la conduite de Roland (p. 535-622).] Entre le minime