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Monsieur Roland. De ses vertus. MV 2.] ni à la série de témoignages qui lui sont rendus : [Témoignages des contemporains (TC).] visiblement, il a fait sur ceux qui l’ont approché l’impression d’un homme de Dieu que l’on devrait canoniser. [On peut d’ailleurs se demander pourquoi il n’a été béatifié que tout récemment.] Sans méconnaître l’intérêt de cette approche, je suis plus sensible au cheminement spirituel de Roland. Un pèlerin de Dieu et de son Royaume : on peut dire de lui que sa courte vie terrestre fut un itinéraire le faisant aller de commencement en commencement, par des commencements qui n’ont pas de fin. [Saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, P.G. t. 44, col. 876 C. cité par L. Bouyer, Le sens de la vie monastique (Brepols 1950), p. 28.] Un homme libre, certes, mais sa liberté spirituelle apparaît comme un don de l’Esprit Saint, et comme un incessant processus de libération. [L’expression est de B. Pitaud dans une étude riche et nuancée : Servir la liberté spirituelle (à paraître dans le compte-rendu du Colloque de Lyon (1998) sur l’École française). Il montre à plusieurs reprises que cette liberté de l’Esprit est aussi un devenir progressif : La liberté n’adviendra jamais que dans un difficile processus de libération. Elle ne sera d’ailleurs jamais entière tant que nous vivrons… Et précisément, la référence qu’il fait à Roland dans ce texte va dans ce sens : Pour progresser dans la liberté, l’homme devra donc entrer dans un processus de détachement dont le but est, comme le dit Nicolas Roland dans une lettre de direction, de se trouver "dans cette heureuse liberté qui fait que l’âme ne tient plus qu’à Dieu, tout l’extérieur lui étant indifférent" (LD 23 ; Cf. B. Pitaud, Servir la liberté spirituelle, p. 2).] En relisant sa courte biographie, reproduite ici, il m’est même apparu que le cheminement de Roland est comme jalonné de conversions successives. Sans forcer les textes, j’en ai dénombré cinq !

La conversion à l’absolu de Dieu et de son amour, d’abord. Selon une coutume du temps, qui, pour être assez générale, n’en était pas moins dénoncée par des Conciles provinciaux, le jeune Nicolas a été tonsuré à dix ans : ce qui le rendait apte à recevoir des bénéfices ecclésiastiques. Toutefois, s’il fait chez les Jésuites de brillantes humanités, l’intention de ses parents et la sienne l’orientent d’abord vers le négoce, et dans le monde : il se trouve fréquemment dans les assemblées, dans les bals. Mais il interrompt brusquement un voyage sur mer qui devait être d’initiation aux affaires, parce qu’il y a côtoyé les abîmes du mal. Il décide alors de rompre avec la vie mondaine et de devenir prêtre. L’absolu de Dieu l’a saisi, il change complètement de style de vie, renonce à une jeune demoiselle qu’il avait aimée dans l’espérance du mariage, repart Paris pour ses études de théologie, s’y retirant d’abord dans un quartier assez détourné, pour y vivre d’une manière pauvre et inconnue du monde. [Mémoires sur la vie… chapitres II et III (MV 1, 2 ; 1, 3).] Une telle expérience de radicalisme évangélique, à la suite du Christ, peut permettre de mieux comprendre Roland déclarant que