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TYGRANE.

Serez-vous sans pitié ?

CELIANE.

Seras-tu sans courage ?

TYGRANE.

Il en faut bien avoir pour souffrir vos discours.

CELIANE.

Il faut trop de pitié pour te donner secours.

TYGRANE.

Il est vrai la faveur d’une grâce est trop grande
Et ce n’est pas aussi ce que je vous demande,
Non, je n’invoque plus ici votre pitié,
Mais j’ai plutôt recours à votre inimitié ;
Oui qu’elle fasse au moins cet honneur à ma vie
De la croire aujourd’hui digne d’être ravie,
Pour réparation du crime que j’ai fait
D’avoir osé trahir un objet si parfait.

CELIANE.

Tygrane c’est assez, mon âme moins cruelle
Veut attendre de vous une amour plus fidèle :
J’approuve vos devoirs, et la suite du temps
Si vous persévérez nous peut rendre contents,
Allez : retirez-vous avec cette espérance.

TYGRANE.

Et vous vivez (Madame) avec cette assurance,
Que je conserverai même après le trépas
L’amour que j’ai vouée à vos divins appas.

Il sort.