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Mais ne refusez point Pasithée à l’amour.

CELIANE ôtant son casque.

Perfide, osez-vous bien paraître en cette lice ?
Crois-tu que la vertu récompense le vice ?
Et que le Ciel honteux des crimes que tu faits,
Au lieu de te punir t’accorde des bienfaits ?
N’est-ce pas pour avoir abusé Céliane
Qu’on te doit Pasithée, infidèle Tygrane ?
Ou bien pour avoir fait ce généreux duel,
Où tu fus si vaillant, ou plutôt si cruel ?
Si tu ne te souviens de ce juste reproche
Retournons sur les lieux : le champ est assez proche
Où sur Eurimédon tu crûs être vainqueur,
Mais ce fut moi qui fus l’objet de ta rigueur,
Avecque tes mépris je ressentis ta rage,
Tu surmontas ma force, et non pas mon courage ;
Et quoique mon dessein ne fût que de périr,
Ton fer me blessa bien, mais je ne pus mourir.
Tu rougis infidèle, et tu croyais peut-être
Que l’on devait ici récompenser un traître :
Non, non, le Ciel est juste, et les Dieux irrités,
Punissent tôt ou tard les infidélités,
Ne demande donc pas un salaire Profane :
Mais reconnais ici ton crime, et Céliane.

TYGRANE.

Je reconnais (Madame) et mon crime et vos yeux