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Au lieu de me rendre adorable,
Et les traits qui devraient établir mon bonheur
Me rendent plutôt misérable :
Je suis un objet de mépris
Que les destins ont fait le prix
Et l’espoir incertain d’une insolente armée ;
ù je me vois réduite au point
D’être Épouse avant qu’être aimée,
Peut-être de celui que je n’aimerai point.
Encore si mon Eurimédon
Pouvait être de la partie,
Sans doute je serais son prix, et son pardon
Et j’espérerais ma sortie :
Mars, et l’Amour qui de mon coeur
L’ont déjà rendu le vainqueur,
Lui donneraient encor cette heureuse victoire ;
Et mon sort devenu plus beau
Ferait le trône de ma gloire,
Sur les mornes apprêts de mon triste tombeau.
Mais au point où mon sort est mis
En vain ce doux penser me flatte,
Les Dieux pour m’obliger sont trop mes ennemis
Et la terre m’est trop ingrate :
Pour m’ôter de cette prison