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Qui ne sauraient souffrir un moment les disgrâces,
Aussi bien que vos pleurs épargnez votre sang,
Et faites voir un coeur égal à votre rang,
Le malheur est souvent la source de la gloire,
L’Astre qui fait le jour sort d’une couche noire,
Et le pompeux éclat de ce divin flambeau
Paraît après l’orage et plus clair, et plus beau ;
Et puis je ne vois pas le sujet de vos craintes,
Ni quelle occasion autorise vos plaintes,
Car encor que ce lieu ne soit pas un Palais
Digne de recevoir l’honneur de vos attraits,
Puisque pour vous ravir on attaque cette île,
C’est moins une prison que non pas un Asile.

PASITHÉE.

Vois le triste état de mon sort,
Et me voyant si mal traitée
Juge si différer l’heureux coup de ma mort.
Ce n’est pas trahir Pasithée.
Par un prodige tout nouveau
Mon propre père est mon bourreau ;
Ma partie est mon Roi, mon Juge est mon complice ;
Mon Palais une triste tour,
Mon espérance, mon supplice,
Ma vertu c’est mon vice, et mon crime l’amour.
Ma beauté cause ma douleur