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Peut beaucoup sur mon corps, et rien dessus mon coeur.

EURIMÉDON.

Cette faveur (Madame) augmente mes souffrances,
Pour ôter mes regrets, ôtez mes espérances,
Que vos yeux contre moi soient armez de courroux,
Vos regards plus cruels me seront les plus doux ;
Et puisque ma blessure est un coup de leur flamme,
Qu’avecque leurs mépris ils guérissent mon âme.

PASITHÉE.

Si Tygrane lassé d’être ingrat et jaloux,
Me faisait aujourd’hui les mêmes voeux que vous,
Cette requête aurait quelque juste apparence,
Et je le traiterais avec indifférence,
Mais plutôt que d’user envers vous de rigueur
J’aime mieux qu’on m’arrache et les yeux, et le coeur.

EURIMÉDON.

Il est vrai qu’à présent que mon malheur ordonne
Pour obéir au Roi que je vous abandonne,
Vous feriez conscience en mon éloignement
D’ajouter à mes maux un mauvais traitement ;
Mais si dorénavant ma présence importune
Veut que je quitte Amour pour suivre la fortune
De quoi vous servira le triste souvenir