Page:Nicolas Mary - Eurymédon ou l’Illustre Pirate, 1637.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ah trop sévère arrêt ! Triste commandement
Qui ne différez plus ma mort que d’un moment
Satisfaites le Roi, contentez son envie,
Je consens librement qu’on m’arrache la vie,
Pourvu qu’en vous disant ces funestes adieux,
On m’accorde l’honneur de mourir à vos yeux.

PASITHÉE.

Eurimédon, le Roi hait trop l’ingratitude
Pour faire à ses amis un traitement si rude,
Et vous devez penser qu’il aime assez l’honneur
Pour ne vous pas ôter un si faible bonheur.

EURIMÉDON.

Madame, pleut aux Dieux que ce fût un mensonge
Qu’auraient fait seulement les chimères d’un songe,
Mais mon malheur est vrai : Falante ce matin
Par ce triste discours a marqué mon destin.
Eurimédon, le Roi jaloux de votre gloire,
Craint de vous dérober quelque insigne victoire,
Et pour votre intérêt touché de ce souci
Il veut bien (s’il vous plaît) que vous partiez d’ici
Pour vous bien employer ses États sont trop calmes
Et vous pouvez ailleurs arracher mille palmes,
Au lieu que la grandeur d’un courage indompté
Se détruit tous les jours dedans l’oisiveté.

PASITHÉE.

Sans doute (Eurimédon) que c’est un stratagème