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Scène septième.

CELIANE revenant de son évanouissement.

Quel Astre malheureux jaloux de ma fortune
Donne encore à mes yeux sa lumière importune ?
Quel funeste Démon après tant de douleurs
Fait avecque mon corps revivre mes malheurs ?
Pluton me chasse-t-il de ses demeures sombres,
Me refuse-t-on place en l’empire des ombres ?
Oui : parce que la mort a pour moi des appas,
Les Dieux pour m’affliger ne me l’accordent pas.
Viens donc lâche vainqueur, viens perfide Tygrane
Au lieu d’Eurimédon achever Céliane ;
Ta cruelle pitié prolonge ma langueur,
Et tu m’obligerais d’avoir plus de rigueur :
Mais je t’appelle en vain, tu n’entends pas ma plainte,
Vivons, mon coeur le veut, et je m’y vois contrainte,
Attendant que le Ciel plus émeu de pitié
Lance le dernier trait de son inimitié ;
J’irai dans le séjour de quelque solitude
Chercher allègement à mon inquiétude.