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Fera d’un Idolâtre un amoureux martyr :
Mes yeux pour ce cruel ont trop versé de larmes,
Il est temps que mon sang soit tiré par ses armes,
Et que par ses bouillons mes désirs innocents
Même au point de la mort lui donnent de l’encens.
Mais aveugle fureur où portes-tu mon âme ?
Pourquoi faut-il mon sang pour éteindre ma flamme ?
Pour être malheureuse, est-ce un point important
Qu’il me faille sauver en me précipitant ?
Non, non, quittons l’erreur qui trouble ma pensée
Et repoussons les traits d’une amour insensée,
Évitons les appas de ce subtil poison
Mettons au front d’amour les yeux de la raison,
Et ne permettons pas qu’une passion feinte
Donne à mon noble Coeur une si vile atteinte.
Toutefois c’est en vain que je veux reculer,
Le trait déjà lancé ne se peut rappeler :
Il faut, il faut franchir constamment la carrière,
Et ne point perdre coeur en perdant la lumière :
Lorsque nous éprouvons le destin malheureux
L’ennemi qui nous tue est le moins rigoureux.
Amour vois que la mort me donne peu d’alarmes
Puisque pour l’irriter je mets la main aux armes,
Regarde cet habit, vois dessous cet armet
À quelle extrémité ton pouvoir me soumet,