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Fais donc voir un effet de ta Divinité.
Ce perfide autrefois vivait sous mon empire,
Moi seule je faisais sa joie et son martyre,
Et je réglais si bien ses inclinations,
Que mes désirs étaient toutes ses passions ;
Cent fois il m’a juré de donner à sa flamme
Un aussi long destin que celui de son âme :
Mais depuis quelque temps en cet objet vainqueur
L’éloignement des yeux a fait celui du Coeur ;
Maintenant Pasithée est la beauté divine,
Qui bâtit son espoir dessus cette ruine,
Et détruit une amour dont la sincérité
N’avait à désirer que l’immortalité.
Mais contre tant d’attraits il n’a pu se défendre,
Sa Princesse a le feu dont je n’ai que la cendre,
Et toutefois jamais l’excès de sa froideur
N’éteindra qu’en mon sang mon amoureuse ardeur,
Ah pour un lâche coeur trop magnifique offrande !