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Ah que le sentiment d’un si visible outrage
Excite dans mon coeur un violent orage !
Et qu’à regret mes yeux verront un inconnu
Tenir ici le rang que Tygrane a tenu !
Mais que ma bouche emploie une faible allégeance
À des maux qui ne l’ont que dedans la vengeance,
Mon rival doit mourir, et mon contentement
Ne doit être tiré que de son monument.


Scène quatrième.

CELIANE en habit de cavalier.

Hé bien cruel Amour que fera Céliane ?
Porterai-je l’enfer dans le ciel de Tygrane ?
Dois-je craindre, espérer, ou voir que ton flambeau
Éclaire en même temps son lit, et mon tombeau ?
Serai-je plus heureuse en ce bel équipage ?
Crois-tu qu’en cet habit je plaise d’avantage ?
Ne me fais point languir, achève mon dessein,
Puisque c’est ton pouvoir qui me l’a mis au sein :
Mon coeur pour t’obéir n’a point trouvé d’obstacle
N’en trouve pas aussi pour produire un miracle,
C’est toi qui m’as réduite en cette extrémité,