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Scène troisième.

TYGRANE.

Dieux que viens-je d’ouïr : mais hélas qu’ai-je vu ?
Il se peut faire aussi que je me sois déçu
Ou qu’un enchantement qui me trouble l’ouïe
Par de mêmes effets ait ma vue éblouie :
Sans doute tout ceci n’est qu’une illusion
Qui remplit mon esprit de sa confusion :
Mais Prince infortuné que ton mal est extrême !
As-tu quelque avantage à te tromper toi-même ?
Après avoir été présent à leur discours
Cherches-tu dans la feinte un frivole secours ?
Non, non, ne flatte plus les mépris de ta Reine,
Tu connais maintenant la cause de sa haine,
Elle destine ailleurs son inclination,
Et tu seras l’objet de son aversion.
Ne venais-je en ce lieu qu’à dessein que j’y visse
Qu’un rival me ravit les fruits de mon service ?
Et que celle qui tient mon esprit en langueur,
Garde pour lui l’amour, et pour moi la rigueur ?