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Grand Prince (me dit-il) ne trouvez pas étrange
Si dans cette prison où le destin me range
J’ose faire paraître un extrême souci
Malgré tant de faveurs que je reçois ici :
Je ne souffre pas seul, tout un peuple soupire,
Et le fort d’Araxès est celui de l’Empire,
Encore que ce point soit assez important
Ce n’est pas toutefois ce qui m’afflige tant
Un malheur plus pressant attaque ma fortune,
Amour voulant trahir est trahi par Neptune ;
Et la même prison qui me tient arrêté
Me ravit ma maîtresse avec ma liberté.
Cet objet (reprit-il) s’appelle Pasithée,
Je l’aimai dès l’instant que je l’eus visitée,
Et nous sommes unis par de si doux accords
Que vous n’avez de moi seulement que le corps :
Cette princesse en a la meilleure partie ;
Sa parole à ces mots en soupirs convertie
Parut plus éloquente en son affection,
Et porta mon esprit à la compassion.

PASITHÉE.

Ah ! que favorisant cette âme criminelle,
Votre pitié me fut rigoureuse, et cruelle !

EURIMÉDON.

Il est vrai : mais aussi mon bras a réparé
Le mal que mon esprit vous avait préparé,