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Se venait rafraîchir à la première ville,
Quand il a rencontré le funeste vaisseau
Qui mettait votre espoir et l’Infante au tombeau.
Comme il s’en approchait d’une extrême vitesse,
Il ouït cette voix (sauvez une Princesse)
Aussitôt abordant ce traître Galion
Il s’élança dedans plus hardi qu’un Lion,
Malgré ses ravisseurs délivra Pasithée,
Et mit à fond la nef qui l’avait emportée.
Ce généreux héros après ce grand effort
S’offrit incontinent de la remettre au port,
Mais avec tant de grâce, et tant de bienveillance
Qu’il rendit son respect égal à sa vaillance,
Et l’Infante avoua qu’une telle action
Fit voir moins de valeur que de discrétion.

TYGRANE.

Dieux que je suis confus ! et que cette nouvelle
Me semble en même temps agréable, et cruelle !
Deux mouvements divers tyrannisent mon coeur,
J’aime bien ce retour, mais je crains son auteur.
Son mérite, son port, sa valeur éprouvée,
Cette discrétion de ma Reine approuvée
Sont autant de Devins qui prédisent mon mal,
Et d’un libérateur me feront un rival :
Ainsi mes sentiments divisés en moi-même
Emportent mon esprit de l’un à l’autre extrême.