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Il fallait que je fisse un essai de mes mains.
Un jour l’occasion s’en montra toute prête
Trois Pirates venus fraîchement de la quête
Ne purent sans débat partager leurs butins,
Le lucre les rendant également mutins
Ils passèrent enfin des discours, à l’épée ;
Et la valeur d’un seul contre deux occupée
Dans l’inégalité l’allait faire périr
Si je l’eusse pu voir sans l’oser secourir.
Contre ces lâches coeurs j’entrepris sa défense,
Et comme l’un des deux méprisait mon enfance
Il donnait à mes coups tant de facilité,
Que sa mort fut le prix de sa témérité.
Dès lors tous étonnés de ce trait de courage,
Comme à leur souverain ils me firent hommage ;
Glorieux (disaient-ils) d’obéir désormais
Au Prince le plus grand que le ciel vit jamais :
Du depuis leur respect pouvait servir de marque
Que j’étais en effet né de quelque Monarque :
Mais je suis incertain de ma condition.

PASITHÉE.

Vous êtes trop modeste en votre ambition,
Et si mon âme encor doute en votre origine,
C’est qu’au lieu d’être humaine, elle la croit divine.

EURIMÉDON.

Ah ne me flattez pas, un si malheureux sort