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Au lieu de m’obliger, me choque et vous offense :
Car cette vanité me rendant odieux
Reproche en même temps une erreur à vos yeux :
Bien loin de m’élever à ce degré suprême
La rigueur du destin m’a mis à l’autre extrême,
Pour toute qualité je suis Eurimédon
La fortune en naissant me mit à l’abandon,
Et pourtant de mon sort l’admirable aventure
Peut passer pour miracle à la race future :
En un point seulement je le trouve assez beau
Puisque j’eus pour le moins un illustre berceau.
Un Aigle me voyant étendu sur la poudre,
Soit qu’il me voulût mettre à couvert de la foudre,
Ou bien faire de moi quelque fameux guerrier
Porta mon petit corps à l’ombre d’un laurier :
Du depuis le destin lassé de me bien faire
Me mit entre les mains d’un barbare Corsaire
Qui m’ayant dans un bois sous cet arbre trouvé
Parmi ses compagnons m’a toujours élevé.
Cent fois il m’a juré que j’étais né d’un Prince
Et m’a tout dit, hormis mon nom, et ma province,
Car de peur de me perdre il m’a toujours caché
Cet important secret qu’en vain j’ai tant cherché.
Je n’avais que douze ans que déjà mon courage
Ne pouvait plus souffrir la paresse de l’âge,
Et bien que j’eusse horreur de leurs traits inhumains