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Pour demeurer muet, et feindre de la sorte :
Je suis votre Mélinte, et vous trouvez en moi
L’affection d’un frère, et le support d’un Roi ;
Un de vos ravisseurs m’a dit votre origine,
Et nous sommes tous deux les enfants d’Euphrosine ;
Notre père Hermocrate étant avec les Dieux
Je possède le trône où régnaient nos aïeux,
Mais comme je vous tiens de cette illustre race,
Je veux auprès de moi vous y faire une place,
Mon Sceptre, et mes états suffiront à nos voeux,
Et la même Couronne en couronnera deux.

ARCHELAS.

Quoi donc en même temps je vois en cette Reine
L’objet de mon amour, et celui de ma haine ?
Et le feu dont ses yeux ont mon coeur enflammé
Sera par elle éteint aussitôt qu’allumé ?
Quoi, mon affection de la sorte abusée
Servira lâchement à vos yeux de risée ?
Et ce perfide ira se vanter désormais
Qu’il m’est venu braver dans mon propre Palais ?
Ah ! mon ressentiment effacera ma honte.

Il met la main à l’épée.
TYGRANE.

Ne souffrez pas (grand Roi) que l’ire vous surmonte,
Apaisez ce courroux un peu trop violent.