Page:Nicolas Mary - Eurymédon ou l’Illustre Pirate, 1637.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée
PASITHÉE.

Ce conseil serait bon généreuse Princesse
Si mon esprit timide avait moins de faiblesse :
Mais mon coeur interdit de crainte, et de respect
Me fait irrésolue, et me rend tout suspect :
Car quelque invention que votre esprit médite,
Mon honneur ne saurait se sauver en ma fuite,
Et quand bien je serais hors des terres du Roi
J’aurais toujours en suite et l’horreur et l’effroi.

EURIMÉDON.

S’il est de la terreur c’est ce bras qui la donne,
Et s’il sait appuyer le faix d’une Couronne,
Il pourra bien aussi vous sauver de la peur
Qui loge indignement dans un si noble coeur :
Quoi donc, aimez-vous mieux que la rigueur d’un père
Fasse d’une Princesse un objet de misère ?
Voulez-vous que ma teste attende son courroux,
Ou que comme un ingrat je m’éloigne de vous ?
Quand il aura connu mon sexe et ma personne,
Qu’il saura que je n’ai que le nom d’Hermionne,
Croyez-vous éviter la noire impression
Qu’il doit avoir alors de notre affection ?
Non, non, notre retraite est un coup qu’il faut faire,
Et votre enlèvement est un mal nécessaire.