Ô roue des cieux ! tu remplis constamment mon cœnr de tristesse. Tu paralyses en moi le germe de la joie[1], tu transformes en eau l’air qui vient rafraîchir mon corps, tn changes en terre, dans ma bondir. l’eau pure que je bois !
Ô mon cœur[2] ! si tu t’affranchis des chagrins inhérents a la matière, tu deviendras une âme dans toute sa pureté ; tu monteras aux cieux, ta résidence sera le firmament. Oh ! que tu dois souffrir de honte d’être venu habiter la terre !
Ô potier ! sois attentif, si tu possèdes la saine raison ; jusques à quand aviliras-tu l’homme en pétrissant sa boue ? C’est le doigt de Kéridoun[3], c’est la main de Kéy-kliosrov[4] que tu mets ainsi sur la roue. Oh ! à quoi penses-tu donc ?
Ô rose ! tu ressembles au visage d’une jeune et ravissante beauté ! Ô vin ! tu es semblable à un rubis dont l’éclat réjouit l’âme ! Ô capricieuse fortune ! à chaque instant tu nie parais plus étrangère, et cependant il me semble te connaître.
- ↑ Le texte dit : « Tu déchires sur moi la chemise de la joie, » expression figurée et singulière que nous croyons avoir exactement traduite, quant au sens, par la périphrase que nous avons employée. Par cette autre expression : « Tu transformes en eau l’air qui vient rafraîchir mon corps, » le poëte veut faire sentir toute l’amertume de son sort ici-bas, en accusant le ciel de déroger aux lois que Dieu lui a imposées. En effet, la loi de la nature veut que l’eau soit, absorbée par l’action de l’air. Or, c’est justement le contraire qui a lieu pour notre in- fortuné poëte.
- ↑ Ici, Khèyam s’adresse à sou propre cœur.
- ↑ Voyez note 1, quatrain 382.
- ↑ Voyez note 2, quatrain 382.