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LES QUATRAINS DE KHÈYAM.


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Pas une seule fois la roue des cieux ne m’a été propice, jamais un seul instant elle ne m’a fait entendre une douce voix, pas un seul jour je n’ai respiré une seconde de bonheur, sans que ce jour-là même elle ne m’ait replongé dans un abîme de chagrins.


194

Une coupe de vin vaut cent cœurs, cent religions ; une gorgée de ce jus divin vaut l’empire de Chine. Qu’y a-t-il, en effet, sur la terre de préférable au vin ? C’est un amer qui vaut cent fois la douceur de la vie.


195

La roue des cieux ne fait que multiplier nos douleurs ! Elle ne pose rien ici-bas qu’elle ne vienne aussitôt l’arracher. Oh ! si ceux qui ne sont pas encore venus savaient quelles sont les souffrances que nous inflige ce monde, ils se garderaient bien d’y venir !


196

Bois, bois de ce vin qui donne la vie éternelle, bois-en, car il est la source des jouissances de la jeunesse : il brûle comme le feu, mais, semblable à l’eau de la vie, il dissout le chagrin, bois-en.


197

Ô ami ! à quoi bon te préoccuper de l’être ? Pourquoi troubler ainsi ton cœur, ton âme par des pensées oiseuses ? Vis heureux, passe ton temps joyeusement, car enfin on n’a pas demandé ton avis pour faire ce qui est.