CHAPITRE II
Annette s’habillait avec des
gestes fébriles. Elle voulait quitter
la maison, partir, échapper à
son tourmenteur, se désintéresser
de la peine qu’aurait Jacques. Une
sorte de panique s’était emparée
Alors ? siffla-t-il entre ses dents serrées. As-tu réfléchi ? (page 10).
d’elle. Elle était incapable de raisonner…
Juste à ce moment, le téléphone sonna dans la maison déserte. Elle décrocha l’appareil d’une main tremblante. Si c’était Jacques, elle sentait qu’il lui serait impossible de lui répondre… Mais la voix qui lui parvenait, éloignée par la distance, était celle d’un inconnu.
— Madame Annette Dejean ? demandait-elle.
— Oui, c’est moi.
— Je suis venu de Paris pour vous voir. Mais à la gare on me dit que je ne peux atteindre votre maison que ce soir par le service d’autocar. Avez-vous une voiture ?
— Oui.
— Pouvez-vous me rejoindre tout de suite. Je suis Gil Ray, le metteur en scène. Je veux votre accord pour tourner « Mon premier crime ».
— Impossible !
— Ce mot n’existe pas au cinéma. Votre prix sera le mien.
— On a assez parlé de ce livre. Je ne veux plus qu’il en soit question.
— Vous ferez ce que vous croyez devoir faire. Mais consentez seulement à me voir… Je serais désolé d’avoir fait ce voyage inutilement.
Annette hésita. Gil Ray ajouta :