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Sur la page qu’il lisait, s’étalait en très grand le portrait de sa femme (page 4).

— Encore, si tu avais écrit un roman d’aventures, je comprendrais… Mais a-t-on idée de cela : « Mon premier crime », par Annette Dejean… Ton nom, notre nom, accolé à ce mot… Je t’avoue que je suis choqué…

Elle tenta d’expliquer :

— J’avais surtout pensé à me distraire, à fabriquer un problème policier et à le résoudre… Je ne pensais pas recueillir le premier prix…

— Tu as un manuscrit de ton chef-d’œuvre ?

— Oui ! Mais je préfèrerais que tu ne le lises point.

— Il ne fallait pas l’écrire dans ce cas. Veux-tu me l’apporter dans le salon. Il est temps de rentrer car il commence à faire froid.

D’un pas de somnambule, elle se dirigea vers sa chambre.

Bientôt elle était assise en face de lui, fumant une autre « Balto » tandis qu’il se plongeait dans la lecture des pages dactylographiées.

— Quelle idée d’avoir choisi le poison, dit-il tout à coup. Tu pourrais, toi, te servir d’une arme pareille ?

Elle eut un rire bref.

— Certainement pas. Le revolver m’a toujours semblé plus propre.

Au même moment elle rougit. Le regard de Jacques s’était instinctivement porté sur le tiroir d’un secrétaire où était remisé le revolver qu’il lui avait donné un jour, pour se défendre contre de possibles agresseurs, car elle vivait dans un lieu absolument solitaire.

— N’aie pas peur, se moqua-t-elle. Je ne suis pas une criminelle et je n’ai personne à poursuivre de ma vindicte.

Sur ces mots, elle se leva et partit dans sa chambre.